J’étais toute petite quand je suis tombée amoureuse de la danse. Ma mère m’a inscrite à des cours de claquettes lorsque j’avais six ans. J’attendais toujours avec impatience le spectacle de fin d’année parce que j’avais alors la chance de porter du maquillage, d’enfiler de jolis costumes et de danser sur une grande scène devant public. C’était grisant.
À 14 ans, j’ai eu un accident de plongeon qui a entraîné une lésion médullaire C6. J’ai cru que je ne pourrais plus jamais danser. J’étais loin de me douter que la danse ferait à nouveau partie de ma vie, un jour, m’apportant autant de joie que lorsque j’étais enfant.
En 2014, après avoir fait partie de l’équipe de natation paralympique américaine durant 16 ans, j’ai décidé de prendre ma retraite et de me trouver un nouveau sport de compétition. Au même moment, l’équipe du studio de danse Fred Astaire situé près de chez moi, au Michigan, annonçait qu’elle avait récemment embauché un professeur de danse européen qui avait déjà enseigné la danse de type ballroom et qu’elle invitait les gens à s’inscrire à son cours. J’ai immédiatement sauté sur l’occasion.
Huit mois plus tard, je me suis inscrite à ma première compétition de danse ballroom à Washington et j’ai gagné. C’est comme ça que j’ai eu la piqûre. Cette compétition a été la première d’une longue série. J’ai notamment participé à des compétitions nationales majeures, comme l’Ohio Star Ball et les championnats du monde Fred Astaire, que j’ai remportés aux côtés de mon partenaire de danse valide (debout), Tamerlan Gadirov. Nous avons également compétitionné à l’étranger contre certains des meilleurs danseurs en fauteuil roulant au monde. Notre première compétition s’est déroulée en Allemagne, en 2017, où Tamerlan et moi avons remporté la médaille d’argent dans notre catégorie.

J’adore les sensations que me procure la danse. Quand je danse une valse ou un fox-trot, j’ai littéralement l’impression de glisser sur la piste de danse. Je bouge sans contraintes et sans effort au rythme de la musique. J’aime aussi le processus créatif qui se produit lorsque j’adapte aux capacités d’une personne en fauteuil roulant les pas que font les couples debout, y compris certains portés vraiment impressionnants, qui nécessitent que mes partenaires me soulèvent, assise dans mon fauteuil roulant. J’éprouve la même fébrilité que lorsque j’étais enfant quand je danse devant public. J’ai toujours l’impression d’être transportée dans un monde magique et élégant où se côtoient coiffures excentriques, maquillage et magnifiques costumes flamboyants.
Comme j’aimais les sensations que me procurait la danse, je voulais que d’autres puissent aussi en faire l’expérience. C’est pourquoi, en 2015, j’ai fondé Dance Mobility avec le propriétaire du studio de danse Fred Astaire où je m’entraîne à Bloomfield Hills, au Michigan. Grâce à une subvention que m’a octroyée la Rehabilitation Institute of Michigan Foundation, nous avons pu offrir gratuitement des cours de danse ballroom, une fois par mois, à des groupes d’utilisateurs de fauteuil roulant et d’amputés. J’adore danser, mais il n’y a rien au monde qui me fait plus plaisir que de voir une autre personne rayonner quand elle se rend compte qu’elle peut danser elle aussi.
Je possède maintenant ma propre entreprise, que j’ai démarrée pour essayer de faire connaître la danse ballroom en fauteuil roulant en Amérique du Nord. La handidanse, comme on l’appelle, est extrêmement populaire en Europe et en Asie, mais elle n’a pas encore beaucoup d’adeptes en Amérique du Nord. J’ai exporté le modèle de Dance Mobility, que nous avions créé au Michigan, dans d’autres États américains. Tamerlan et moi-même formons les professeurs de danse ballroom intéressés pour qu’ils puissent enseigner adéquatement et en toute sécurité ce type de danse à toute personne ayant un handicap physique.
Je veux lancer le message que tout est possible dans la vie, même danser. On peut tous danser !
Si la danse ballroom adaptée vous intéresse, envoyez-moi un courriel à l’adresse waterproof2000@hotmail.com ou suivez-moi sur Instagram ici.