Je n’étais qu’une adolescente quand, en 1983, j’ai eu l’accident de plongeon qui a causé ma lésion médullaire. Le monde était différent à l’époque. Il y a 38 ans, aucune loi ne protégeait les droits des personnes handicapées et il n’y avait pas d’Internet ni de réseaux sociaux.
Alors que j’étais nouvellement blessée, j’ai dû naviguer seule dans ce monde nouveau, énorme et apeurant. Dans ma collectivité, à l’église et à l’école, j’étais la seule à souffrir d’une lésion médullaire. Ce n’est que lorsque j’ai participé aux concours de beauté Ms. Wheelchair Michigan et Ms. Wheelchair America que j’ai fini par rencontrer d’autres femmes et personnes handicapées.
Ces expériences inestimables et le sentiment de solidarité et d’appartenance qu’elles ont fait naître en moi ont contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd’hui. L’esprit d’entraide dont j’ai été témoin m’a fait comprendre que tout était possible, que je n’étais pas seule et que je n’avais pas à accepter que mon handicap définisse la personne que j’étais.
De nos jours, les personnes nouvellement handicapées ont des moyens à leur disposition pour éviter la solitude. Grâce aux médias sociaux, à Internet, voire aux rencontres virtuelles, il est possible de tisser des liens avec des gens qui souffrent de lésions médullaires ou d’autres handicaps et qui vivent aux quatre coins de la planète. Quand je fais défiler mes fils d’actualité sur les médias sociaux, je vois continuellement des gens qui partagent des ressources, des histoires et des conseils ou qui publient des mots d’encouragement à l’intention d’autres personnes atteintes de handicaps. Il est tellement important de trouver sa place dans un groupe de personnes qui comprennent vraiment qui vous êtes et ce que vous vivez.
Je me dis surtout que le monde d’aujourd’hui est vraiment différent pour les jeunes qui souffrent d’un handicap. À l’époque où j’ai eu mon accident, on ne voyait jamais de personnes handicapées dans les films, les magazines ou les publicités. Je n’ai jamais vu les Jeux paralympiques à la télévision. Or il est important que les jeunes handicapés puissent voir ça. La représentation positive envoie un message fort : elle nous montre qu’on nous considère et qu’on nous estime.
Certes, le monde a changé, mais peut-être pas aussi rapidement que certains d’entre nous l’auraient voulu. Cependant, si tout va bien, nous sommes en train de poser les jalons d’une société ouverte, accessible et inclusive pour la prochaine génération de personnes handicapées.