À titre d’ex-nageuse paralympique devenue athlète internationale de Para DanceSport (danse ballroom en fauteuil roulant), l’un des avantages de ma carrière est des voyager partout dans le monde pour participer à des compétitions.
Depuis la survenue de ma lésion médullaire, j’ai visité plus de 30 pays sur six continents. L’Europe demeure ma destination favorite. J’aime son Histoire, ses histoires et son architecture. Toutefois, ce tourisme peut représenter tout un défi pour les personnes en fauteuil roulant, surtout dans les centres historiques, où il est particulièrement difficile de composer avec le terrain, l’absence de bordures abaissées et les rues pavées inégales.
En tant que quadriplégique C6, par moments, j’avais absolument besoin de l’aide de mon amie. La plupart des musées, parcs, jardins extérieurs et parties modernes de la ville sont généralement assez accessibles, mais certains restaurants, hôtels et cafés ne le sont pas. Trouver une toilette accessible peut être un casse-tête, comme la plupart sont situées au sous-sol, sans accès par ascenseur. Mais ne laissez pas ces obstacles vous décourager si vous souhaitez y aller – comme pour bien des choses quand on se déplace en fauteuil roulant, il faut simplement un peu de recherche, de planification, d’aide et de patience.
Ma plus récente compétition de Para DanceSport se passait à Amsterdam, aux Pays-Bas, où je me rendais pour la troisième fois. La présence de ma meilleure amie a rendu le voyage encore plus amusant. C’était sa première fois à l’étranger; j’ai donc eu la chance de jouer les guides touristiques dans l’une des plus belles villes du monde.
Nous avons pris un vol direct de sept heures en partance de Detroit. Voler si longtemps peut être pénible, surtout pour les personnes handicapées. Nombreuses sont celles qui redoutent de voyager si loin par crainte de ne pas pouvoir accéder à la toilette. C’est une question que les utilisateurs de fauteuil roulant me posent souvent. À vrai dire, on trouve une toilette accessible à bord de la plupart des avions effectuant des vols internationaux. Cette fois-là, nous volions à bord d’un Airbus A330-300 de Delta, et au moment de réserver mon billet, j’ai demandé une place près de la toilette accessible. Il s’agit en fait de deux cabines normales, divisées par une paroi souple. Quand j’avais besoin d’y aller, le personnel de bord retirait la paroi, rendant la toilette assez grande pour pouvoir y entrer avec le fauteuil roulant de bord.
Nous sommes arrivées tôt un mardi matin. J’avais pris les arrangements nécessaires pour qu’une grande fourgonnette de tourisme vienne nous chercher à l’aéroport. En effet, en plus de me déplacer avec mon fauteuil roulant Apex Carbon, de Motion Composites, je transportais mon fauteuil de danse, ainsi que tous mes costumes et accessoires. Si vous voyagez léger, sachez que la station de tramway située directement sous le terminal vous permet d’accéder à de nombreux endroits dans Amsterdam. Les tramways étant équipés de rampes dépliables, ils sont accessibles en fauteuil roulant.
Pour l’hôtel, j’ai réservé au Hilton DoubleTree Amsterdam Centraal Station. J’y avais déjà séjourné, je savais donc que les chambres étaient grandes et dotées de douches accessibles en fauteuil roulant. De plus, son emplacement est idéal, à courte distance de la station centrale d’Amsterdam, où l’on peut prendre le tramway pour aller partout en ville, ou encore un train pour se rendre ailleurs au pays ou en Europe.
Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, nous avons fait une croisière d’une heure sur les canaux. C’est l’une des meilleures façons de voir Amsterdam et ses quartiers riverains. Je vous suggère toutefois de faire vos recherches à l’avance : tous les bateaux ne sont pas accessibles aux fauteuils roulants. Je recommande la Blue Boat Company, mais vous devez réserver la rampe d’accès, au besoin.
Après notre croisière, nous avons pris le tramway jusqu’au square Dam, le centre historique de la ville. On peut y voir le palais royal, la nouvelle église (Nieuwe Kerk) de style néo-gothique et le monument national. Notre journée s’est terminée par un souper au restaurant au sommet de notre hôtel, d’où l’on a l’un des meilleurs panoramas de la ville.
Le lendemain, nous prenions le train Eurostar jusqu’à Bruxelles, en Belgique. Son architecture et son charme en font l’une de mes villes favorites. Le trajet dure moins de deux heures depuis la station centrale d’Amsterdam. À bord de l’Eurostar, les utilisateurs de fauteuil roulant sont automatiquement transférés en première classe et paient le tarif d’un billet de classe standard. En première classe, on vous offre nourriture, collations et rafraîchissements. De plus, la personne qui vous accompagne a droit à un tarif réduit.
C’était la première fois que je prenais ce train, et je ne savais pas que je devais réserver une rampe d’accès 48 heures avant le départ. Comme j’avais indiqué utiliser un fauteuil roulant lors de la réservation, j’avais tenu pour acquis qu’on fournirait une rampe… Ce n’était pas le cas. Après des négociations auprès de bien des chefs de bord, j’ai eu droit à une rampe portative pour entrer et sortir facilement. Malheureusement, la toilette adaptée aux fauteuils roulants à bord du train n’obtient pas la note de passage. Le cadre de mon fauteuil Apex Carbon est très étroit, il ne mesure que 38 cm sur 38 cm (15 po sur 15 po) – malgré cela, il m’était impossible de passer la porte.
Comme je n’étais pas allée à Bruxelles depuis près de 15 ans, nous avons décidé d’embaucher un guide privé. Nous avons commencé par la Grand-Place, qui est considérée comme l’une des plus belles du monde. Ce square, au centre de la ville, est bordé de bâtiments somptueux. Nous avons également visité le Palais royal de Bruxelles, observé la fameuse statue du Manneken-Pis, et visité la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule et les galeries royales Saint-Hubert. Bien entendu, aucune visite en Belgique n’est complète sans une dégustation de chocolats, de frites et de délicieuses gaufres authentiques.
À notre retour à Amsterdam, il nous restait seulement une journée libre avant le début de ma compétition de danse. Nous avons donc profité de l’occasion pour magasiner un peu. Nous avons pris des photos professionnelles sur certains des ponts et canaux pittoresques d’Amsterdam, qui nous ont créé d’excellents souvenirs de voyage dans un décor grandiose.
C’était maintenant la fin de semaine, le moment de passer des vacances à la compétition. Quelle joie de retrouver tant de mes amis de danse dès mon arrivée à l’hôtel où se tenait le concours, près de l’aéroport! La première compétition de l’année est toujours celle d’Amsterdam; c’est un plaisir de prendre des nouvelles de tout un chacun et de se faire de nouveaux amis. Cette année, nous étions environ 60 danseurs de 14 pays.
Mon partenaire de danse arrivait des États-Unis ce matin-là, et nous présentions notre premier numéro, en danse libre, l’après-midi. Après m’être fait coiffer et maquiller, nous avons pu nous échauffer sur la piste de danse. Il existe diverses catégories de Para DanceSport : par exemple, « Combi » désigne les paires où un athlète en fauteuil roulant danse avec un partenaire debout; « Duo » désigne deux partenaires en fauteuil; et « Individuel » est une catégorie réservée aux danseurs en solo. Je participe seulement à la catégorie Combi.
Pour notre danse libre, nous présentions un tout nouveau programme au son de la chanson « I Will Always Love You », du film Le Garde du corps. Dès que la musique s’est fait entendre et que Whitney Houston a chanté la première note, nous avons eu l’attention de toute la salle. Peu importe d’où viennent les gens, cette chanson et ce film sont légendaires à l’échelle internationale. Je crois que les juges l’ont bien aimée aussi, parce que nous avons décroché la médaille d’argent. Ça commençait plutôt bien la compétition!
Le lendemain, nous participions à mon événement préféré : le Combi standard, où nous partageons la piste de danse avec d’autres duos. Ça fait un peu peur, étant donné la vitesse à laquelle tout le monde se déplace en essayant d’éviter les collisions. Pour ce volet, nous devons présenter les cinq danses standards l’une après l’autre : la valse, le tango, le foxtrot, la valse viennoise et le quickstep. Chacune dure environ 90 secondes. J’aime l’élégance de ces danses. Nous avons eu la chance de remonter sur le podium pour recevoir la médaille de bronze.
Au dernier jour de la compétition, nous avons dansé le Combi latin. Nous étions de nouveau sur la piste de danse avec les autres duos pour présenter cinq danses latines : samba, cha-cha-cha, rumba, paso doble et jive. Nous participons à ce volet depuis l’année précédente seulement; nous étions donc ravis d’y remporter une nouvelle médaille d’argent.
La compétition a filé à toute vitesse. C’est toujours triste de dire au revoir à tout le monde. Comme nous cherchons toujours à évoluer et nous améliorer, nous sommes de retour au travail et préparons notre prochaine compétition, pour laquelle je participe à l’organisation. Ce sera la première fois qu’une compétition de Para DanceSport se tiendra aux États-Unis. Elle se déroulera les 10 et 11 août au Michigan, où je vis. C’est une occasion qui nous emballe, et nous espérons qu’elle aidera à faire connaître ce sport en Amérique du Nord.
Comme je le disais plus tôt, l’Europe n’est pas toujours accessible, mais ne laissez pas ces obstacles vous décourager si vous souhaitez y aller. Comme pour bien des choses quand on se déplace en fauteuil roulant, il faut simplement un peu de recherche, de planification, d’aide et de patience. Si Amsterdam est sur votre liste d’endroits à visiter, consultez le site ableamsterdam.com (en anglais) avant votre départ pour découvrir ce qu’il y a à faire et à voir en fauteuil roulant dans cette ville magnifique.
