Le basketball en fauteuil roulant et la façon dont il a influencé ma carrière – Benjamin Palmer

Au Canada, mars est le Mois national du génie. Et quoi de mieux pour le célébrer que de vous présenter l’un de nos talentueux ingénieurs de fauteuil roulant?

Voici Benjamin Palmer : ingénieur passionné, fervent joueur de basketball en fauteuil roulant et coéquipier fantastique doté d’un excellent sens de l’humour. 

Il fait partie de la famille Motion Composites depuis 2018, quand il a postulé pour devenir stagiaire au sein de notre service d’ingénierie. Aujourd’hui, il est ingénieur de produit pour Motion Composites. Membre de l’équipe de recherche et développement, Benjamin est l’une des personnes responsables de concevoir, tester, développer et améliorer nos produits. 

Il est unique. Même s’il n’a aucun handicap l’obligeant à utiliser un fauteuil, il est un pro du basketball en fauteuil roulant.  Depuis un jeune âge, il est entouré par la communauté des utilisateurs de fauteuil roulant, dont il est devenu l’allié. Cela lui donne une perspective et une compréhension sans égal des besoins et des obstacles quotidiens de cette communauté.

Nous avons souhaité rencontrer Benjamin pour discuter de sa carrière comme ingénieur de fauteuil roulant pour Motion Composites et du rôle qu’a joué sa passion pour le basketball en fauteuil roulant.

Entrevue :

Motion Composites : Pouvez-vous nous raconter comment vous avez commencé à jouer au basketball en fauteuil roulant?

Benjamin Palmer : C’est une drôle de question qu’on me la pose souvent. Comme je n’ai aucune limitation, si je disais que je joue au soccer, personne ne me poserait de questions.  Par contre, pratiquer un sport où je dois être en fauteuil roulant intrigue toujours beaucoup les gens.

Tout a commencé quand mon père, qui avait un ami en fauteuil roulant, a voulu jouer au basketball avec lui.

Ça fait partie de l’histoire familiale. Mon père avait donc un fauteuil roulant qui lui servait pour jouer au basketball; je m’y asseyais et roulais dans la maison depuis que j’étais un bambin. Ça a piqué ma curiosité. C’est de cette façon que mon frère et moi avons été initiés à ce sport, et nous n’avons jamais arrêté de le pratiquer.

Je pèse mes mots quand je dis qu’il fait partie de l’histoire familiale. Le basketball en fauteuil roulant a influencé non seulement ma carrière; mais aussi la vie de mon frère et de mon père. Retraité depuis peu, mon père travaillait au « Défi sportif AlterGo », un événement multisports destiné aux athlètes handicapés qui se tient chaque année à Montréal (un peu comme les Jeux paralympiques). Mon frère fait partie de l’équipe d’entraîneurs de basketball en fauteuil roulant d’Équipe Canada. J’aime que notre passion commune pour ce sport ait laissé sa marque sur nos carrières respectives.

MC : Avez-vous participé à des championnats ou des compétitions?

BP : Oui. Les Jeux du Canada sont l’événement de plus grande envergure auquel j’ai pris part, en 2015 et en 2019. Et chaque année, je participe aux championnats nationaux.

Je suis plutôt bon (rire), mais comme je n’ai aucun handicap, je ne peux pas dépasser ce niveau. Par exemple, je ne peux pas intégrer l’équipe paralympique (Équipe Canada), mais je m’entraîne parfois avec elle, ce qui est génial!

MC : Comment ça fonctionne, exactement? Aucun de vos coéquipiers n’a de handicap? Ou bien il existe une limite réglementaire au nombre de joueurs sans limitation dans une équipe?

BP : Chaque joueur se fait attribuer un classement, ou classification. Selon votre type de handicap et des limites qu’il vous impose, on vous attribue des points. Le pointage va de 1 à 4,5. Si vous n’avez aucune limitation, vous obtenez automatiquement 4,5 points; plus votre handicap vous impose de limites et plus le score est petit. Il y a un maximum de 15 points par équipe de 5 personnes lorsque vous êtes sur le terrain de basket.

Dans mon équipe, c’est un mélange : certaines personnes, comme moi, n’ont aucune limitation, tandis que d’autres sont des utilisateurs de fauteuil roulant avec un handicap.

MC : Parlons de votre carrière. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a motivé à devenir ingénieur?

BP : J’ai toujours été du genre pragmatique : j’aime construire des choses et comprendre leur fonctionnement. Quand j’étais jeune, j’aimais observer mon parrain (qui est aussi ingénieur et plutôt manuel). C’est ce qui m’a motivé à suivre ses traces; je me suis donc inscrit en ingénierie.

MC : Est-ce que votre connaissance du basketball en fauteuil roulant a influencé votre décision de devenir ingénieur de fauteuil roulant?

BP : Vous savez quoi? C’est drôle, mais je n’avais jamais fait le lien entre l’ingénierie et les fauteuils roulants avant un cours sur la santé pendant mes études. Ça m’a ouvert les yeux! Immédiatement après, j’ai présenté ma candidature pour un stage chez Motion Composites au début de 2018 – mon intérêt était éveillé.

Au départ, je voulais explorer la fabrication des fauteuils roulants et l’ingénierie qui les propulse. Puis, j’ai découvert une entreprise très chouette dont les valeurs s’accordaient aux miennes. J’ai adoré l’équipe et sa façon de travailler, ce qui m’a donné envie de rester.

L’une des valeurs de l’entreprise est d’« avoir à cœur d’aider les autres ». C’est celle qui me rejoint le plus – je dirais même que c’était une de mes motivations en devenant ingénieur. Je voulais concevoir des produits qui pourraient améliorer la qualité de vie et faciliter le quotidien des gens. Devenir ingénieur de fauteuil roulant me semblait tout naturel pour poursuivre sur cette lancée, et je suis ravi de ma décision.

MC : Croyez-vous que votre pratique du basketball en fauteuil roulant influence votre travail chez Motion Composites? Si oui, comment?

BP : Excellente question. Je pense que c’est le cas. Comme je suis témoin privilégié du quotidien des utilisateurs, je crois que ça a fait de moi un meilleur ingénieur. Évidemment, ça ne reflète pas la réalité de l’ensemble des utilisateurs et utilisatrices. Les personnes que j’ai rencontrées grâce au basketball en fauteuil roulant sont actives. Par contre, je les ai vues utiliser leurs fauteuils de sport et du quotidien (qui sont, en passant, principalement de marque Motion Composites), et je crois que ça m’a exposé aux difficultés qu’ils rencontrent et à ce qu’on peut améliorer. Ça a nourri ma réflexion sur ce que nous pouvons faire pour leur simplifier la vie.

Cette compréhension de la réalité des utilisateurs de fauteuil roulant m’offre une perspective unique et contribue à ce que je crée de meilleurs produits.

D’autres aspects sont un peu plus techniques, mais le basketball en fauteuil roulant m’a certainement aidé dans ma carrière d’ingénieur. Quand j’ai envisagé de me spécialiser en fauteuil roulant, j’ai découvert que de nombreux concepts m’étaient familiers. Je comprenais, par exemple, ce qu’est l’inclinaison des roues et les avantages qu’elle apporte aux utilisateurs. Je connaissais aussi les différents éléments du fauteuil roulant, ce qui me donnait une perspective sur les aspects techniques.

MC : Est-ce que vous collaborez avec des athlètes et d’autres professionnels de la communauté des sports en fauteuil roulant pour obtenir leurs commentaires sur vos projets d’ingénierie?

BP : Oui. Je suggère souvent à mes coéquipiers de participer à de courts sondages pour m’aider à mieux comprendre les besoins de la communauté. Recueillir les commentaires avant d’enclencher un projet nous a été utile par le passé, et je crois que cette pratique demeurera précieuse. Jusqu’à maintenant, mes collègues sont satisfaits des résultats (rire).

Je crois que mon immersion dans la communauté des utilisateurs de fauteuil roulant s’avère un atout dans mon emploi chez Motion Composites. Le plus souvent possible, je fais participer mes amis en fauteuil roulant aux projets sur lesquels nous travaillons. Nos produits sont ainsi mieux adaptés aux utilisateurs – et c’est l’objectif ultime, pas vrai?

MC : Quels seraient vos conseils aux personnes intéressées par l’ingénierie des fauteuils roulants ou le basketball en fauteuil roulant?

BP : Je conseille aux personnes intéressées par l’ingénierie des fauteuils roulants de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’écouter attentivement les besoins des utilisateurs. Notre objectif, c’est de créer des produits conçus spécialement pour ces personnes. Il est primordial de comprendre leurs défis et leurs perspectives uniques.

Aux personnes qui veulent essayer le basketball en fauteuil roulant, je dirais de ne pas hésiter et de s’amuser. Il existe de nombreuses occasions d’essayer ce sport, et c’est une bonne façon d’entrer en contact avec la communauté des utilisateurs de fauteuil roulant et d’en apprendre plus sur leurs besoins et leurs expériences.

 

À propos de Miriam Aguilar Garza

Spécialiste en marketing digital à Motion Composites

Miriam est titulaire d’une Baccalauréat en gestion des affaires internationales de l’Universidad Autónoma de Nuevo León (Mexique). Elle est passionnée par la rédaction, la lecture, les voyages et le désir de donner une voix à la communauté des personnes en fauteuil roulant.